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Les Ysopets

Traduction de Claire DESCAMPS, Cloé GODART, Thomas CHATELIN, Lou-Ann ALLAIN

Les Ysopets sont des adaptations des textes d’Esope, auteur qui a écrit des fables animalières courtes et qui a inspiré l’œuvre de Jean de La Fontaine ! Ce sont des textes dont se dégagent une morale ou une sentence.

Le loup et l'agneau

1 Voici le récit du loup et de l’agneau

Qui buvaient dans un ruisseau

Le loup s’abreuvait dans la source,

Et l’agneau buvait à contrebas.

5 Le loup parla avec fureur

Lui qui était très contrarié ;

Et lui parla sur un ton irrité.

« Tu me causes un grand ennui. » dit-il.

L’agneau lui répondit :

10 « Sire, qu’y a-t-il ? » « Ne vois-tu donc pas ?

Tu as tant troublé cette eau,

que je ne peux plus boire mon soul.

Ainsi je m’en irai, je crois,

Comme je suis venu, mourant de soif. ».

15 Le petit agneau lui répondit donc :

« Sire, je buvais en dessous de vous !

L’eau que je buvais venait de vous. ».

« Quoi ! » fit le loup, « tu me contredis ? »

Celui-ci répondit « Je n’en avais pas l’intention. »

20 Le loup répliqua : « Je l’ai bien vu.

C’est ce que me fis ton père

A cette même source, où j’étais avec lui,

Il y a six mois, je crois. »

« De quoi vous m’accusez ? » fit-il

25 « Je n’étais pas né, me semble-t-il. »

« Et alors ? » dit le loup

Tu me fais pourtant des choses

Que tu ne devrais pas faire »

Ainsi le loup attrape le petit agneau

30 Avec ses crocs l’étrangle et le tua.

 

Ainsi font les riches brigands

Les vicomtes et les juges

De ceux qu’ils ont sous leur joug

Trouvent de faux prétextes par convoitise

35 Pour les tromper ;

et souvent par plaisir les condamnent:

Ils prennent leur prennent la chair et la peau,

Tout comme le loup fit à l’agneau.

Le corbeau et le renard

1 Un jour advint peut-être bien

Que devant la fenêtre,

D’un sellier volait un corbeau;

Il aperçut la nourriture

5 Des fromages qui étaient posés

Sur une claie.

Il en prit un, et s’en alla.

Un renard vient à sa rencontre.

Il désirait grandement

10 De pouvoir manger sa part.

Il voulut par la ruse

Essayer de tromper le corbeau

« Ah noble sire ! » fit le renard

« Que vous êtes un oiseau élégant !

15 Il n’y a pas un tel oiseau dans le monde !

Je n’ai jamais vu un si beau volatile !

Si votre chant égalait votre beauté,

Il vaudrait plus que l’or le plus fin. »

Le corbeau se sentit si bien loué

20 Et crut qu’il n’y avait dans le monde pas son pareil.

Il décida de chanter

Pour ne pas perdre ces éloges.

Le corbeau ouvrit le bec, commença :

Le fromage lui échappa,

25 En tombant au sol

Et le renard s’en saisit.

Et ne s’intéressa plus au chant,

Dès lors qu’il était en possession du fromage.

 

C’est l’exemple des orgueilleux

30 Qui sont pris de grands désirs :

Par des louanges et par des mensonges

On peut se servir de ces individus à volonté ;

Ils dépensent follement leurs biens

Pour entendre les fausses louanges des autres.

La veuve et le chevalier

1 J’ai écris le conte d’un homme

Qui était mort et enterré ;

Sa femme ressentait une grande douleur

Et allait sur sa tombe nuit et jour.

5 Près de là il y avait un voleur,

Qui fut pendu pour avoir commis des actions blâmables.

Un chevalier le détacha

C’était un parent, et s’enfuit.

Dans la contrée fut clamé :

10 Que celui qui avait détaché le voleur

Subirait le même jugement ;

S’il est attrapé, il sera pendu.

Il ne sut quel conseil garder

Pour se délivrer

15 Car beaucoup de gens

Savaient qu’il était parent du pendu.

Il alla tout droit au cimetière

Là où était l’honnête femme en deuil,

Qui a tant pleuré son époux.

20 Il lui parla aimablement ;

Lui dit de se réconforter,

Si elle l’aimait, il serait très heureux.

La vertueuse femme l’examina

Elle fut heureuse, et accepta

25 Qu’elle accomplirait sa volonté.

Le chevalier lui a conté

Toutes les mésaventures qui lui sont arrivées

Depuis qu’il a dépendu le voleur ;

Elle ne sait quel conseil lui donner,

30 à part qu’il faut qu’il quitte le pays.

La femme noble répondit :

« Déterrons mon mari d’ici

Puis mettons le à la place du pendu :

Cela passera inaperçu

35 Il faut délivrer l’homme vivant par le mort

Car il apporte du réconfort. »

 

Par cette fable

On apprend quelle confiance peuvent avoir

les morts envers les vivants

40 Car ce bas monde n’est que fausseté et superficialité.

Étude d'un passage : la fable « Le loup et l'agneau » (vers 31 à 38)

31- Ainsi font les riches brigands

Les vicomtes et les juges

De ceux qu’ils ont sous leur joug

Trouvent de faux prétextes par convoitise

35- Pour les tromper ;

et souvent par plaisir les condamnent:

Ils prennent leur prennent la chair et la peau,

Tout comme le loup fit à l’agneau.

Achaisun (occasion) :

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Ce mot vient du latin « occasionem » qui signifiait « opportunité », ou « moment opportun ». Puis, dans un latin plus tardif il a pris le sens de « cause », puisqu’il découle de « occasium », « occasus », le participe passé de « occidere » qui signifie tomber ou descendre. On découpe le mot comme ceci : ob-cidere qui donne donc l’action de chuter vers le bas. Ainsi, « cadere » devient « tomber », et renvoie à l’idée d’une chute ensemble, ou d’une jonction de circonstances.

Au XIIIe siècle, on retrouve les termes « achaison », ou « ochaison » qui ont le sens de circonstance, motif, raison, cause, ou prétexte. Par exemple, l’expression « Avoir mauvais ochaison sur quelqu’un » signifie « invoquer une mauvaise raison à l’encontre de quelqu’un » ou accuser quelqu’un injustement.

À la fin du XIVe siècle, « occasioun » signifie « opportunité », « raison d’agir », « état de choses qui rend possible quelque chose d’autre », « un évènement », « une opportunité ».

Puis au XVe siècle, « occasionem » renvoie à l’idée de provoquer quelque chose, être la cause de quelque chose. Cela vient de l’Ancien Français occasionner qui signifie provoquer, et qui vient du latin occasionare.

Enfin, en 1560 il prend le sens de moment où quelque chose se produit.

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Étudions maintenant l’expression « d’occasion » pour parler d’un objet de seconde main :

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« D’occasion » a pris le sens « d’aubaine », terme juridique du « droit d’aubaine » qui était un droit du roi d’hériter des étrangers morts sur sa terre. On appelait ces étrangers des « aubains ». Ce terme vient du verbe « auber » qui signifie bouger d’un endroit à l’autre. Par glissement, « d’aubaine » est devenu la chance, l’opportunité à saisir, et donc l’occasion. Donc faire l’acquisition d’un objet peu cher est une aubaine, l’objet étant souvent de seconde main, il devient une bonne occasion (opportunité) : il est d’occasion.

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